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LE NOTAIRE JOFRIAU

ses forces épuisées par les études qu’elle vient de terminer chez les Ursulines de Québec.

Michel, ayant fermé la porte, s’attardait sur le perron à contempler le cher panorama dont chaque détail le ravissait. Il perçut à travers la fenêtre ouverte ces phrases qui le ramenèrent à la réalité.

— Eh ! bien, pensa-t-il, voilà que j’écoute aux portes ! Et ma mère qui m’a recommandé de ne pas m’attarder ! Je file.

Et il descendit d’un pas vif « la Côte de l’église » qui conduisait au « chemin du roi. »

— Cette jeune montréalaise est bien jolie, se dit-il en pensant à la rencontre qu’il venait de faire, presqu’aussi belle que Suzanne. Ce rappel du passé qui se fixait comme une griserie dans son souvenir l’émut encore.

Et sa mémoire lui présenta la séduisante image de sa cousine et l’étonnante certitude d’être aimé de la superbe créature. Il ne put se défendre d’un sursaut de cet orgueil si masculin que flatte l’amour d’une femme, même s’il n’y répond pas.

Michel était venu à pied au village avec son père qui avait affaire à quelqu’un. Il marcha à sa rencontre vers le « moulin banal ». Tandis qu’il s’emplissait les yeux d’un spectacle toujours nouveau du mouvant et large ruban de moire où se miraient les bois et les prés, il entendit des pas derrière lui. C’était Jofriau.