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LE NOTAIRE JOFRIAU

et des religieuses qui l’accompagnaient, s’était prodigué auprès d’elles avec une courtoisie toute chevaleresque. À la suite de ces circonstances, des relations respectueuses mais cordiales s’établirent entre eux. Causant avec Suzanne, il avait révélé un peu de son histoire : Parti d’Angleterre, il allait en Nouvelle-France pour y devenir officier de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Il quitterait le navire à Tadoussac, pour se joindre aux directeurs de la Compagnie qui s’y trouvaient afin de régler la situation et le départ des « hivernants ». Arnold Prickett, malgré le mutisme farouche dans lequel il s’enfermait souvent et les accès de tristesse qui l’assombrissaient, plaisait à Suzanne. Intriguée par le mystère qui entourait le jeune homme, elle s’intéressait à lui et se disait :

— Ce beau ténébreux doit porter le secret d’un chagrin ou d’un malheur ; de là viennent sans doute ses allures singulières.

Ce rapprochement avec son propre sort avivait sa sympathie. Au moment de se séparer, à l’escale de Tadoussac, les jeunes gens promirent de se donner mutuellement de leurs nouvelles et échangèrent leurs adresses.

Les religieuses et Suzanne descendirent à Québec où cette dernière dut demeurer plusieurs jours, au monastère des Ursulines, avant de trouver une occasion favorable pour monter à Montréal et se rendre à Varennes. La lettre que François adressait à madame