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LE NOTAIRE JOFRIAU

passionnée. Ne doutez jamais plus de ma tendresse pour vous.

Et levant vers ses lèvres les doigts fins de sa bien-aimée, il les baisa avec ardeur.

Comme en un rêve, ils franchirent lentement les quelques verges qui les séparaient de la maison. Se laissant pénétrer par la beauté du paysage, ils regardaient la brume estomper les lointains et le fleuve à leurs pieds, étinceler sous la lumière de l’été radieux. Une voix rieuse, mais qui parut sonner faux à Michel, les fit tressaillir :

Holà ! les déserteurs, cria-t-elle.

— Nous voici, nous voici, répondit Michel ; nous allions justement vous quérir. Votre présence nous a manqué vraiment, continua-t-il, en lui jetant un regard narquois.

— Vraiment ? dit celle-ci sans se laisser décontenancer, c’est trop aimable. Ma tante désire que nous retournions, Michel, et vous prie d’avancer la voiture.

Mais un domestique, prévenu par Madame Rolleville, arrivait tenant le cheval par la bride. L’on se dit adieu. Michel, après un dernier et tendre sourire à Marie-Josephte prit les rênes et enleva la bête.

En aidant sa cousine à descendre de voiture, quand ils eurent atteint la maison, le jeune homme prononça d’une voix cinglante :

— Sachez, ma chère, que je méprise les intrigants à l’égal des faussaires.