Page:Senécal - Le Notaire Jofriau, 1935.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
LE NOTAIRE JOFRIAU

prenait enfin une décision en faveur des peaux de loutre.

Libéré, le notaire revint vers elle.

— Regarde mon choix, Michel, puis-je garder ceci ?

— Assurément, chère amie, et, Dieu merci, je suis en mesure aujourd’hui, d’en solder le prix. Il versa la somme demandée par le marchand et bientôt la porte se referma sur les pas de l’étranger, laissant les époux satisfaits de leur double marché.

Les heures de clarté sont courtes en janvier ; déjà le jour baissait. La saison était mauvaise et rude ; au dehors, la tempête mugissait, activée par le « nordet ». Le froid déchirait les figures et paralysait les doigts. Marie-Josephte alluma les bougies. Quelques temps après le souper et la prière faite en commun, la mère mit les enfants au lit et vint retrouver son mari près du foyer où flambait la bûche si résistante de l’érable canadien. Quelques tisons s’écroulant soudain, des étincelles s’envolèrent en fusée et projetèrent une lueur plus vive dans la salle où devisaient Michel et sa femme. Celle-ci s’empara des pincettes qu’elle tendit à son mari en disant :

— Ramasse donc ces tisons tombés tout près de ton siège ; il n’en faut pas plus pour allumer un incendie, un malheur est si vite arrivé !

Et pendant que, docile, il replaçait les braises échappées de l’âtre elle continua :