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LE NOTAIRE JOFRIAU

que sous son toit ? Ce craquement… mais c’est le grincement d’un tiroir ! Mu comme par ressort à la pensée de la somme qu’il avait en dépôt, il descendit en hâte. Hélas ! il ne s’était pas mépris : une ombre se profilait sur le mur, penchée sur son pupitre, un voleur évidemment. Affolé, Michel s’élança et fondit sur l’homme, mais celui-ci avait déjà enfoui le contenu du tiroir dans un grand sac de cuir qu’il portait en bandoulière, sous une houppelande dissimulant entièrement sa taille. Sa figure se dérobait également dans les plis enroulés d’un large cache-nez. Un corps à corps s’engagea, mais le voleur, plus souple, se débarrassa du notaire en lui assénant un violent coup de poing qui l’étendit sur le parquet, inconscient.

Marie-Josephte s’était vaguement réveillée quand elle avait entendu son mari se lever et descendre vivement. Le bruit de la chute la tira tout à fait de son sommeil et lui donna conscience que quelque chose d’insolite se passait au rez-de-chaussée. Elle accourut et trouva Michel évanoui, tandis qu’un fort courant d’air engouffré par la porte qui s’ouvrit et se referma, la fit trembler de froid et de terreur. Un coup de cravache claqua dans la nuit ; quelqu’un s’enfuyait à cheval. Et le silence retomba au dehors comme si une fausse alerte, seulement, avait troublé la nuit. Sous les soins empressés de sa femme, le notaire reprit connaissance et lui raconta, en phrases brèves, ce qui venait de se passer.