Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/47

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par le corps placé au sommet de l’angle d’incidence.

Ne pouvant être impassibles, nous ne pouvons cesser d’être actifs. Il faut que le mouvement reçu soit rendu : forcés de sentir, nous le sommes de vouloir. Nous penserons toujours que notre choix est libre, et que nos mouvemens nous appartiennent ; mais c’est peut-être parce que nous ignorons des lois dont la perception, possible en elle-même, n’aurait pas d’analogie avec nos organes. Moyens occasionels de réaction, nous sommes causes parce que nous sommes effets, et nous devenons actifs surtout d’après nos facultés passives : nous transmettons les forces auxquelles nous fûmes soumis, et ne les connaissant qu’alors, nous supposons qu’elles émanent de nous-mêmes.

Nous qui sommes loin de sentir tous les phénomènes corporels continuellement reproduits en nous, devons-nous être surpris de n’apercevoir qu’imparfaitement les opérations de notre intelligence ? Sans doute on pourrait se croire doué de quelque liberté, sans en posséder en effet. Cependant nul ne peut prouver que nous ne soyons pas libres, et au contraire, nous voyons comment nous pouvons l’être malgré la constance, malgré la nécessité de l’ordre général : il suffit que chaque série particulière d’effets et de causes se renferme dans une sphère déter-