Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/66

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tumes d’une patrie antique et pauvre, dans des travaux réglés, des joies obscures, des liens qui, pour le grand nombre, deviennent une nécessité du cœur.

Les hommes ont reçu des penchans indélébiles, afin que par cette organisation générale, l’espèce fût une ; mais afin de distinguer aussi les familles ou les personnes, et de tout différencier parmi elles, la nature a voulu qu’elles se sentissent libres, surtout dans des choses d’un ordre inférieur. Malgré cette inconstance toujours possible, il a fallu concilier les divers âges du même être, et former un ensemble individuel ; c’est l’habitude qui est ce lien. Sans commander, elle conduit plus ou moins lentement, et elle entraîne en aplanissant les voies ; les effets du principe universel de nos affections prennent ainsi dans chaque homme un caractère particulier.

Le pouvoir de l’habitude provient et du besoin de repos, et du besoin de mouvement. Nos organes exécutent avec plus de facilité ce qu’ils ont opéré déjà. Cette propension deviendra un motif très-naturel pour des êtres qui, joignant à des moyens limités une ardeur impatiente, voudront que des résultats fréquens leur coûtent peu d’efforts. Mais ces sortes de convenances n’appartiennent qu’à la faiblesse, et rien ne nous autorise à les alléguer comme