Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/71

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s’abandonner à cette indolence. Que doit-on demander d’eux, sinon que leur inaptitude ne soit pas vicieuse, et que leurs usages, utiles pour eux-mêmes, appartiennent à l’ensemble des mœurs les plus convenables dans l’intérêt public. Bientôt la majorité adoptera ces coutumes par besoin, et elle les conservera, ne fût-ce que par incapacité. Des ames fières, qui pourtant n’étaient pas assez fermes pour s’interdire toujours des écarts, voyant alors que la cité peut faire le bonheur de ses enfans, emploieront à veiller pour la soutenir cette activité naturelle, mais trop souvent irréfléchie, qui eût pu ébranler des lois moins prudentes, ou des maximes moins généreuses.

Dans la vie domestique l’habitude est un lien que la raison ne saurait désapprouver. N’est-ce pas au milieu de ce qui nous environne journellement que le bonheur s’offre avec le plus de vraisemblance ? Sachant que les choses doivent toujours être considérées sous divers aspects, et qu’elles produiront successivement des effets contraires, nous préférons celles que nous connaissons beaucoup. C’est alors que, pouvant déterminer à notre choix une grande partie des incidens et des rapports dont l’harmonie est méconnue si fréquemment, nous débarrassons les biens du mélange qui les altérerait, ou même