Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/74

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Le climat inconstant de quelques régions occidentales peut susciter un besoin d’activité plus vif, ou plus inquiet. Chez les nations du nord, un froid de sept mois contribue vraisemblablement à entretenir une humeur trop belliqueuse. Quant aux hommes des plaines brûlantes, s’ils sont très-irascibles, c’est peut-être parce qu’ils n’ont pas d’automne.

Dans la plus grande partie de la terre, les phénomènes annuels ne forment que deux saisons distinctes (H). Quand le soleil approche, tout s’augmente, se développe, se recompose. Et ensuite tout s’arrête et s’affaiblit : le soleil se retire.

Ainsi que l’année, ainsi que la vie même, chaque journée a son printemps, son aurore, son heure de renouvellement. Nos fatigues sont suspendues par la fraîcheur du matin qui semble ramener l’inexprimable bien-être de nos premières années. Les jours sombres, ou les maladies n’interrompent pas entièrement cette sorte de réparation journalière. Tant que nous l’éprouvons, nous restons jeunes. Mais, lorsqu’elle devient trop imparfaite, c’est un affaiblissement irréparable, et il faudra mourir quand le suave retour de la lumière ne nous fera plus aucune impression.

Nous devons trouver beaucoup de charme dans le réveil des forces que ralentissait l’hiver des zones