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SEPTIÈME RÊVERIE.



Occupés de projets, de désirs, de sollicitudes sans nombre ; toujours distraits des choses présentes, toujours attachés où nous ne sommes pas, et multipliés hors de nous-mêmes ; dépendans de mille événemens étrangers et toujours incertains ; liés par nos besoins factices, par nos désirs sans bornes, par tous nos préjugés et nos alarmes ; nous sommes agités de la mobilité générale de tout ce qui s’altère et change sans cesse ; et nous ne reposerons jamais, parce que le cours de tant de choses ne sauroit s’arrêter avec nous. Dans l’ordre primitif, nos relations et nos besoins circonscrits et simples, n’occupoient chaque instant que d’une affection unique ; et bientôt ce désir, étoit pour jamais oublié, soit qu’il s’éteignît dans la possession de son objet, soit qu’il fût effacé par un besoin plus pressant.

Un mobile est nécessaire à L’être actif ; des désirs simples, passagers, renaissans, doivent