leur pays. Tout dans l’état va se perdre et se corrompre, ou plutôt il n’y a déjà plus rien à perdre.
Les mêmes causes qui rendent illusoire cette égalité tant vantée par ses secrets ennemis, ne font aussi qu’un vain mot de la liberté politique, inutile simulacre, dont le culte partage ce servile univers en esclaves qui connoissent leurs fers, et en esclaves qui même ne les sentent pas. Je veux que la liberté soit le consentement aux lois établies par la majorité. En ce sens même un peuple simple peut seul être libre. Mais où est la cité dont les lois ne soient pas l’ouvrage d’une très-foible minorité. L’assemblée d’un peuple n’est souvent composée que du dixième de sa population, et c’est la majorité de ce dixième qui exprime le consentement unanime de la nation. Il en est bien autrement encore quand cette prétendue majorité ne pouvant agir directement, n’exerce sa puissance législative que par ses représentans, dont l’élection même concentre encore de près de moitié ce que l’on appelle la volonté générale. C’est ainsi que les états puissans, réduits à un petit nombre de citoyens, dont toutes les voies de corruption entraînent alors plus facilement la volonté et même l’opinion, voyent