et sentons que les instituteurs des peuples n’ont encore qu’ébauché le grand art de la législation. Il est adroit de faire servir à la fin que l’on se propose, les foiblesses, les erreurs et les passions des hommes, et de prescrire à leur folie la route dans laquelle on veut qu’ils s’égarent. Mais il seroit sublime de trouver dans le concours harmonique de toutes les passions naturelles, la félicité générale et individuelle de l’homme social, la moralité de ses actions, le prix de ses vertus et le terme de ses désirs, sans avoir besoin de recourir au pouvoir dangereux des opinions hasardées ou chimériques, qui, lorsque le peuple les croit, sont mauvaises par cela seul qu’elles le trompent, et plus funestes encore dès qu’il est désabusé, parce qu’elles entraînent dans leur ruine l’édifice fragile construit sur leur base éphémère.
Socrate lui-même, en s’attachant à établir l’immortalité de l’ame, s’appuie sur des principes qu’auroient pu lui contester les Locke de son siècle ; et loin d’expliquer comment l’ame ayant commencé, ne pourra finir, il conclut qu’elle survivra au corps de ce qu’elle existoit avant lui, et il donne de cette exis-