Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/278

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renferme l’étendue pour connoître ou pressentir tout ce qui est, tout ce qui peut être ; l’ordre pour sentir les convenances, les rapports ? les suites, ordonner tout selon la nature, s’attacher par-tout au meilleur, sans jamais trouver suffisamment bon ce qui est moins parfaitement simple : la profondeur pour juger l’essence des choses, et les raisons de leurs aspects variés, sans jamais s’arrêter à des apparences extérieures ou partielles ; et pour suivre la vérité même dans les abstraits, sorte de milieu idéal dans lequel agissent et réagissent tous les êtres positifs : enfin la force pour communiquer aux hommes l’énergie et d’impulsion et de résistance, qui les place ou les maintient dans l’ordre général contre l’influence exclusive des moteurs partiels et passionnés, causes aveugles d’un repos léthargique, ou d’une direction fausse et immodérée.

Les préjugés du vulgaire des esprits viennent principalement du défaut d’étendue. Manquant d’objets de comparaison, et ne pouvant tout embrasser, ils s’habituent à considérer un objet d’une manière exclusive ou particulière ainsi préoccupés d’une chose, ils trouvent ensuite très-différentes celles qui essentiellement