lieu de la retarder par un régime de modération et de sobriété. La véritable enfance est une vie incomplète, qui s’essaye, et est encore informe ; elle jouit de l’accroissement de ses forces dans l’espoir de leur maturité ; mais l’enfance de la décrépitude est un état misérable, une vie épuisée, stérilisée pour l’espoir même, une vie annullée, toujours vaine et souvent ridicule. On vous dit que tout sera perfectionné, et moi je vous dis que tout sera suranné, et que tout sera avili. On vous dit que l’espèce ne vieillit point, on vous dit encore qu’il n’en est pas des corps politiques comme des individus ; on vous abuse : tout est analogie dans la nature ; mais l’on ne veut voir qu’un jour de l’histoire des générations ; l’on apprend trop, l’on ne perçoit plus rien ; une philosophie d’esprit sans profondeur est le premier des fléaux de ce siècle[1]. Nous précipitons[2] notre existence en perdant
- ↑ Siècle privilégié et à jamais mémorable ; siècle rapidement avancé dont les constitutions s’écrivent en vaudevilles, dont les enfans savent persiffler la morale, dont les philosophes versifient dans les maisons de bals, dont les chevaux dansent la Gavotte.
- ↑ Les stimulans de la Torride peuvent avoir contribué à nous vieillir. Leurs feux agissent moins dans