SOMMAIRE
De la cinquième Rêverie.
Il est des jours d’ennui, d’abattement extrême,
Où l’homme le plus ferme est à charge à lui-même.
Des tems d’abattement qui ramènent presqu’à la foiblesse et à la dépendance du commun des hommes les âmes les plus grandes, et les génies les plus élevés.
Les maux extrêmes ne peuvent abattre une grande ame ; au contraire, ils lui rendent toute son énergie. Ce qui l’épuise insensiblement, et l’entraîne par un effort lent et indirect à s’abandonner à l’apathie, c’est cette continuité misérable de peines et d’ennuis qui obsèdent et oppriment chaque jour une vie privée de situations énergiques et consumée dans un ordre de choses contraire à notre nature. Le seul fléau d’une grande ame est la langueur ; elle deviendrait plus forte en luttant contre un ennemi puissant : elle n’est vaincue que lorsqu’elle dédaigne de résister.