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Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/42

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durable est nécessairement organisée[1] ; tout être organisé reçoit l’action des autres composés, et réagit sur eux : il est donc sensible et actif. Il connoît, quand il sent ; il veut, quand il agit. Si son organisation est plus compliquée, il conserve l’empreinte des sensations passées ; alors, il a la faculté d’effectuer plusieurs réactions, il délibère, il veut avec choix. Cette série d’impulsions reçues et rendues, compose le moi de chaque être organisé. Tout composé a donc le sentiment de son être, mais les plus organisés ont seuls le sentiment du moi ou de la succession des sentimens produits par les impulsions qu’ils ont reçues, et productifs des impulsions qu’ils ont données. Cette seule différence marque les degrés d’animalité, depuis le composé le moins organisé possible, jusqu’à celui qui l’est le plus possible. Ces espèces extrêmes sont inconnues à l’homme, mais dans la foible partie de cette chaîne dont il peut percevoir quelques notions, les extrêmes seront le grain de sable et l’homme même[2]. Le moi de tout

être
  1. Tout assemblage de particules se dissoudroit s’il n’étoit lié, organisé. Tout être organisé est nécessairement actif et passif.
  2. Nulle autre différence entre eux que le plus