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continuité[1] ; un composé plus organisé oppose aux forces ennemies des moyens actifs : par les uns, il évite le choc des corps étrangers en se transportant hors de leur sphère d’impulsion ; par d’autres, il répare, en absorbant des corps plus foibles, les pertes de sa propre dissipation.

L’être primitif, la particule élémentaire ne pouvant être changée, ne sauroit avoir le sentiment des objets extérieurs ; seulement elle doit se sentir d’une manière toujours semblable et peu distincte, puisqu’elle n’est pas comparée.

Dès que plusieurs particules premières se réunissent, leur ensemble peut changer par l’ajonction de particules encore étrangères, et par la soustraction ou le déplacement de celles déjà réunies ; il est donc susceptible de divers ébranlemens et dès-lors de diverses sensations.

Le nombre de sensations diverses, propres ou possibles, a un composé, croît en raison du nombre de parties élémentaires dont il est

  1. Vraisemblablement le caillou n’a d’autre moyen de conservation que la force qui lie ses parties, et son besoin est de rester en repos pour perdre peu par le frottement, et même acquérir les êtres agités qui s’arrêtent à lui.