Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/64

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il nous est naturel de choisir ce qui est facile à nos efforts. Au défaut de notre propre expérience, nous aimons à en juger par l’expérience d’un autre, et même c’est obtenir avec moins de peine un résultat à peu près égal. Nous présumons que les choses déjà éprouvées comme convenables, faciles ou agréables par un être semblable à nous, donneront les mêmes produits à nous qui sommes d’une même nature. Ce qui n’est pas étranger à l’espèce humaine, peut facilement nous devenir personnel ; sans hasarder les premiers essais, sans nous exposer à leurs suites funestes, nous nous livrons à cette confiance que donnent leurs suites heureuses ; sans les alarmes de l’inconnu, nous jouissons dans la sécurité de l’habituel. Ainsi, nous appropriant les rameaux déjà fécondés d’une tige lente et incertaine, nous laissons à des mains étrangères leur culture pénible, et d’une main privilégiée nous cueillons, avec assurance, leurs doux fruits à l’instant heureux de leur maturité.

    et les approche d’autant plus de l’unisson qu’ils sont plus homogènes…

    Que l’on suive le pouvoir de l’exemple dans toutes ses ramifications, l’on trouvera qu’elles peuvent s’expliquer toutes par ces principes.