d’insensés travaux nous ont construit d’étroites et hideuses prisons ? Que ces chaînes ridicules sont pesantes et peut-être indissolubles ! Quoi ! nous qui conservons encore quelque trace de notre forme originelle, nous ne pourrons, libres de cette insidieuse oppression, fuyant une terre conquise et dévastée, respirer en paix sous le beau ciel des tropiques, dans des contrées indépendantes, dont les productions naturelles fourniroient bien mieux à nos vrais besoins, où nous n’aurions plus à souffrir les insipides jouissances, à recevoir les funestes bienfaits, à partager les inévitables misères de l’homme des cités ?
Dans l’hiver de nos climats la nature semble justifier nos arts. Affoiblis comme nous le sommes par notre manière de vivre, nous pourrions difficilement supporter les frimats, et il faut bien que nous aimions nos tristes asiles, puisqu’enfin ils sont vraiment commodes, et que l’habitude nous persuade qu’ils sont devenus nécessaires ; mais dans l’été, nous reprenons quelque chose de notre indépendance, nos regrets s’éveillent alors. En admirant, nous sentons ce que nous avons perdu, en jouissant nous souffrons. C’est alors que les feux de l’air, le roulement des eaux, la paix des om-