que l’on désire ni que l’on redoute ; où le passé s’éloigne sans laisser de regrets, et l’avenir s’avance libre d’alarmes ; où tout remplit le cœur, et rien ne l’afflige ; où tout bien est actuel et présent, tout mal impuissant et éloigné ; où tout sentiment pénible est étranger à notre être ; où tout sentiment d’admiration, d’amour, de joie, de confiance, compose le sentiment[1] de nous-mêmes.
Il faut à l’homme un exercice constant mais modéré de toutes ses facultés ; l’excès du travail le détruit, l’excès de l’inaction le rend malheureux ; tous deux sont funestes : mais, parmi nous, l’excès du repos est plus funeste encore qu’un travail immodéré. Trop inquiets, nous avons besoin d’être toujours occupés. Il faut que tout notre être soit actif comme notre imagination nos heures soumises à son avidité, nous paroissent vides et stériles si une cons-
- ↑ Que les plaisirs sont vains et les passions puériles aux yeux de l’homme ainsi content de posséder son être. Combien s’égarent ceux qui poursuivent au-dehors un bonheur toujours fugitif, et perdent pour son ombre instantanée, cette inestimable conscience de soi-même qui allège ou annulle les maux, qui seule réalise les biens ; et sans qui les maux sont intolérables, et les biens illusoires.