Page:Senancourt Obermann 1863.djvu/229

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sont ces êtres miraculeux, ces sages ? — Ne vous fâchez point ; ce ne sont pas des philosophes, ce ne sont pas du tout des êtres miraculeux, ce ne sont pas des chrétiens ; ce sont tout bonnement ces dogues qui ne sont ni muselés, ni gouvernés, ni catéchisés, et que vous rencontrez à tout moment, sans exiger que leur gueule terrible fasse, pour vous rassurer, un signe sacré. — Vous plaisantez. — De bonne foi, que vous voulez-vous qu’on fasse autre chose ?

Toutes les religions s’anathématisent, parce qu’aucune ne porte un caractère divin. Je sais bien que la vôtre a ce caractère, mais que le reste de la terre ne le voit point, parce qu’il est caché : je suis comme le reste de la terre, je discerne fort mal ce qui est invisible.

Je ne dis pas que la religion chrétienne soit mauvaise ; mais, pour la croire, il faut la croire divine, ce qui n’est pas aisé. Elle peut être fort belle, comme ouvrage humain ; mais une religion ne saurait être humaine, quelque terrestres que soient ses ministres.

Pour la sagesse, elle est humaine ; elle n’aime pas à s’élever dans les nues pour retomber en débris ; elle exalte moins les têtes, mais elle ne les expose pas à l’oubli des devoirs par le mépris de ses lois démasquées ; elle ne défend point d’examen, et ne craint point d’objections ; il n’y aura pas de prétexte pour la méconnaître, la dépravation du cœur reste seule contre elle : et si la sagesse humaine était la base des institutions morales, son empire serait à peu près universel, puisqu’on ne pourrait se soustraire à ses lois sans faire par là même un aveu formel de turpitude. — Nous ne convenons pas de cela ; nous n’approuvons pas la sagesse. — C’est que vous êtes conséquents.

Je laisse les hommes de parti qui font semblant d’être de bonne foi, et qui vont jusqu’à se faire des amis pour