Page:Senancourt Obermann 1863.djvu/313

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travail pénible et que j’aime à voir l’homme occupé, mais non surchargé ; parce que leur produit est trop incertain, trop irrégulier, et que j’aime à savoir ce que j’ai, ce que je puis. Je n’aime point les champs, parce que le travail qu’ils demandent est trop inégal, parce qu’une grêle et ici les gelées du mois de mai peuvent trop facilement enlever leur récolte ; parce que leur aspect est presque continuellement ou désagréable, ou du moins fort indifférent pour moi.

De l’herbe, du bois et du fruit, voilà tout ce que je veux, surtout dans ce pays-ci. Malheureusement le fruit manque à Imenstrôm. C’est un grand inconvénient ; il faut attendre beaucoup pour jouir des arbres que l’on plante, et moi qui aime à être en sécurité pour l’avenir, mais qui ne compte que sur le présent, je n’aime pas à attendre. Comme il n’y avait point ici de maison, on n’y a mis aucun arbre fruitier, à l’exception des châtaigniers et de quelques pruniers très-vieux, qui apparemment appartiennent au temps où il y avait de la vigne et sans doute des habitations ; car ceci paraît avoir été partagé entre divers propriétaires. Depuis la réunion de ces différentes possessions, ce n’était plus qu’un pâturage où les vaches s’arrêtaient lorsqu’elles commençaient à monter au printemps et lorsqu’elles redescendaient pour l’hiver.

Cet automne et le printemps prochain, je planterai beaucoup de pommiers et de merisiers, quelques poiriers et quelques pruniers. Pour les autres fruits, qui viendraient difficilement ici, je préfère m’en passer. Quand on a dans un lieu ce qu’il peut naturellement produire, je trouve que l’on est assez bien. Les soins que l’on se donnerait pour y avoir ce que le climat n’accorde qu’avec peine, coûteraient plus que la chose ne vaudrait.

Par une raison semblable, je ne prétendrai pas avoir chez moi toutes les choses qui me seront nécessaires ou