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donné : il faudrait se lever dans la nuit ; et quand la nuit est sombre, il faudrait conserver de la lumière, et la mettre dans un cabinet, parce que j’aime toujours la plus grande obscurité dans ma chambre. (Voilà pourtant un point essentiel où mon goût n’a pas encore changé.) D’ailleurs, pour que je pusse prendre quelque intérêt à observer ici la température, il faudrait que je cessasse d’ignorer ce qui se passe ailleurs. Je voudrais avoir des observations faites au Sénégal sur les sables, et à la cime des montagnes du Labrador. Une autre chose m’intéresse davantage ; je voudrais savoir si l’on pénètre de nouveau dans l’intérieur de l’Afrique. Ces contrées vastes, inconnues, où l’on pourrait, je pense... Je suis séparé du monde. Si l’on en reçoit des notions plus précises, donnez-les-moi. Je ne sais si vous m’entendez.

LETTRE LXXIX.

17 juillet, IX.

Si je vous disais que le pressentiment de quelque célébrité ne saurait me flatter un peu, pour la première fois vous ne me croiriez pas ; vous penseriez qu’au moins je m’abuse, et vous auriez raison. Il est bien difficile que le besoin de s’estimer soi-même se trouve entièrement détaché de ce plaisir non moins naturel, d’être estimé par de certains hommes, et de savoir qu’ils disent : c’est l’un des nôtres. Mais le goût de la paix, une certaine indolence de l’âme dont les ennuis ont augmenté chez moi l’habitude, pourrait bien me faire oublier cette séduction, comme j’en ai oublié d’autres. J’ai besoin d’être retenu et excité par la crainte du reproche que j’aurais à me faire, si, n’améliorant rien, ne faisant rien que d’user pesamment des choses comme elles sont, j’allais encore négli-