être calmé. Il y en a qui jouissent de leurs maux ; mais pour moi tout a passé : je n’ai ni joie, ni espérance, ni repos ; il ne me reste rien, je n’ai plus de larmes.
LETTRE XVI.
Que de sentiments généreux ! Que de souvenirs ! Quelle majesté tranquille dans une nuit douce, calme, éclairée ! Quelle grandeur ! Cependant l’âme est accablée d’incertitude. Elle voit que le sentiment qu’elle a reçu des choses la livre aux erreurs ; elle voit qu’il y a des vérités, mais qu’elles sont dans un grand éloignement. On ne saurait comprendre la nature, à la vue de ces astres immenses dans le ciel toujours le même.
Il y a là une permanence qui nous confond : c’est pour l’homme une effrayante éternité. Tout passe ; l’homme passe, et les mondes ne passent pas ! La pensée est dans un abîme entre les vicissitudes de la terre et les cieux immuables.
LETTRE XVII.
Je vais dans les bois avant que le soleil éclaire ; je le vois se lever pour un beau jour ; je marche dans la fougère encore humide, dans les ronces, parmi les biches, sous les bouleaux du mont Chauvet : un sentiment de ce bonheur qui était possible m’agite avec force, me pousse et m’oppresse. Je monte, je descends, je vais comme un homme qui veut jouir ; puis un soupir, quelque humeur, et tout un jour misérable.