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Page:Senart - Essai sur la légende du Buddha.djvu/17

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ces indices se justifient par des raisons profondes, tirées de la nature même des récits, de leur origine, du principe qui en a déterminé l’agrégation.

Je n’entreprends ici de refaire ni une biographie complète, ni une biographie partielle de Çâkyamuni. La tâche a été tentée assez ou trop souvent. Mon but est plus neuf. Je suppose d’une façon générale le lecteur initié à ces traditions, et je me propose de les soumettre à une critique d’ensemble. Il ne suffit pas de marquer le terrain où j’entends enfermer cette critique ; il importe d’en préciser l’objet et d’en justifier la méthode.

Les récits que j’ai en vue sont mêlés de deux éléments ; les uns visiblement légendaires et merveilleux, les autres réalistes ou tout au moins possibles. Je ne m’attacherai pas à démontrer le caractère fictif des premiers ; l’évidence ne se démontre pas ; et personne n’est disposé à admettre que le Bodhisattva soit descendu du ciel dans le sein de sa mère sous la forme d’un éléphant, ni qu’il ait quitté la maison paternelle en chevauchant à travers l’espace. Mais une alternative se pose en présence de cette combinaison intime de traits si dissemblables : ou bien les données historiques en sont le noyau primitif et comme le foyer central ; les éléments légendaires représenteraient un travail ultérieur, en quelque sorte accessoire, sans cohésion nécessaire ; ou, inversement, les traits mythologiques forment un ensemble lié par une unité supérieure et antérieure au personnage sur lequel ils sont ici fixés ; des données historiques, s’il s’y en trouve réellement, ne leur auraient été associées qu’en vertu d’un remaniement secondaire. C’est au premier point de vue que l’on s’est arrêté jusqu’à présent. On en a tiré cette conséquence pratique qu’il suffisait de supprimer tous les détails invraisemblables, le reste devrait