Page:Senart - Essai sur la légende du Buddha.djvu/21

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prie que l’on ne s’y trompe pas : ces excursions sur un domaine voisin ne sont pas indispensables à la démonstration que je poursuis. Les interprétations d’origine n’intéressent pas la solidité de ma thèse. Je fournis de tel signe du Mahâpurusha telle explication ; je crois avoir pour l’appuyer des indices que je signale. J’admets que j’aie fait erreur ; il n’en restera pas moins, et c’est le seul point qui m’intéresse essentiellement, que la description du Mahâpurusha est, non pas le portrait réaliste d’un certain chef de religion, mais, sous cette forme affaiblie où aboutit le conte, l’héritage de vieilles conceptions cosmogoniques qui seules rendent raison de ses étrangetés persistantes. Je citerai un autre exemple : la naissance de Çâkyamuni et le rôle prépondérant qu’y joue l’arbre me paraissent inspirés par les images du fou céleste et par la production de la foudre, issue de l’arbre atmosphérique. Je veux que je fasse fausse route, que ce symbolisme se rapporte, je suppose, à l’aurore et à la renaissance quotidienne du soleil ; la rectification ne porterait pas à mes conclusions générales l’atteinte la plus légère. De même pour une infinité de cas. On ne saurait, sans se créer un embarras véritable, exclure soit des façons de parler commodes et rapides, soit des aperçus probables ou séduisants, sous le prétexte que les unes expriment des vues incomplètement assurées, que les autres ne représentent point autant de vérités certaines. Il y aurait quelque injustice à arguer contre une théorie de détails qui, après tout, lui sont extérieurs. Ce travail n’a point eu pour point de départ je

    haute antiquité âryenne dont les versions intermédiaires nous manquent dans l’Inde. Je signalerai surtout les circonstances qui entourent la naissance de Çâkyamuni, comparées à la légende de Délos.