Page:Senart - Essai sur la légende du Buddha.djvu/28

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lonnés sur une suite de siècles, on ne découvre, relativement à la légende du Buddha, aucune différence profonde. Je ne vois guère à signaler de variante positive dans le fond même ni dans le nombre des épisodes. On a pu relever plusieurs amplifications accessoires ; on n’a pas relevé une seule contradiction qui puisse impliquer soit des innovations essentielles de la part d’une école particulière, soit une divergence appréciable entre les divers canaux de la tradition. Or on se souvient que les livres buddhiques font remonter jusqu’aux premiers temps du buddhisme son fractionnement en sectes nombreuses. On a essayé d’autre part, avec un savoir ingénieux mais aussi avec une précision que je crois excessive, de revendiquer pour le canon singhalais une antiquité presque aussi haute. Je ne m’appuierai pas sur des déductions qui, en pareil terrain, me paraissent d’une solidité bien douteuse. Les sculptures de Bharhut n’étaient pas encore connues lorsque ce travail a paru pour la première fois. Les caractères paléographiques s’accordent avec les caractères archéologiques pour les placer à une époque contemporaine ou au moins voisine d’Açoka[1]. Elles nous reportent, comme les monuments d’Açoka lui-même, vers le iiie siècle avant notre ère. Je me contente de cette date ; et je tiens pour établi que,

  1. Cunningham, Bharhut Stûpa, p, 14 et suiv. Les sculptures de Sanchi paraissent plus modernes (M. Fergusson et M. Cunningham admettent l’un et l’autre que les portails auraient été terminés vers le milieu du ier siècle (Tree and Serp. Worsh., p. 100). Elles gardent pourtant un grand prix. À elles seules elles suffiraient, comme l’a justement observé M. Beal (Cat. of buddh. Script., p. 131, note), à garantir la popularité antérieure à l’ère chrétienne des plus caractéristiques de nos récits.