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Page:Senart - Essai sur la légende du Buddha.djvu/36

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mes comparaisons soient convaincantes, que tous ces épisodes reliés entre eux par une unité dont nous discernons l’origine, n’ont pas été introduits isolément dans la Vie de Çâkyamuni. Le sentiment de leur convenance intime s’était dès longtemps émoussé dans la circulation populaire. S’ils sont réunis dans notre cycle comme dans le cycle brâhmanique correspondant, c’est qu’ils ne s’y sont point glissés un à un et par hasard. Les deux unités ne sauraient résulter d’une concordance accidentelle. Ils s’y sont donc introduits en bloc, tous ensemble. Il en résulte cette conclusion essentielle : quand, à une époque donnée nous savons positivement que la maternité de Mâyâ, le Cakrapravartana faisaient partie intégrante de l’histoire supposée de Çâkyamuni, nous pouvons nous tenir pour assurés que tous les autres éléments, en quelque sorte corrélatifs, étaient dès lors fixés parallèlement.

Qu’on le remarque bien, cette conclusion se fonde sur des noms et des formules qui sont indissolublement liés à tous les âges et à toutes les formes de la tradition. Elle conserve donc toute son autorité non pas seulement vis-à-vis d’une version en particulier, mais à l’égard de toutes les versions, si condensées qu’elles puissent être. Cette unité est essentielle à la tradition ; elle la domine tout entière. Elle prouve que, si des souvenirs historiques ont pu se mêler à la trame légendaire, ils n’en ont pu être le cadre primitif, puisque, sous des formes ou identiques ou très voisines, la légende existe en dehors d’eux, dans des cycles brâhmaniques sur lesquels, de l’aveu de tous, ils n’ont exercé aucun action.

Cette unité a un double prix. D’une part, elle confirme le caractère foncièrement mythologique de nos récits. Elle garantit surtout, en dehors du témoignage explicite