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Page:Senart - Essai sur la légende du Buddha.djvu/38

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qu’un terrain spécial, le terrain légendaire, et sur ce terrain, un champ particulier, la légende du Buddha ; et d’autre côté, c’est avant tout sur les témoignages indirects que fournit le canon pâli, sur sa concordance fondamentale avec les récits plus circonstanciés, que se fonde l’autorité que je revendique pour eux et qu’on leur a, je crois, refusée un peu légèrement.

Je me résume.

D’abord l’unanimité de la tradition et le témoignage des monuments figurés prouvent que la légende existait d’une façon générale dès le iiie siècle avant notre ère.

Nous avons constaté, en second lieu, qu’il ne parait aucune trace d’une constitution successive et lente de la légende, au moins pour ses éléments essentiels ; tous se retrouvent, quoique avec une étendue inégale, dans toutes les branches de la tradition. Si nos analyses démontrent qu’il existe entre les données constitutives conservées par toutes les versions et les détails conservés seulement par les versions explicites une convenance profonde qui ne saurait être l’œuvre tardive d’une rédaction postérieure, la conclusion s’impose : les prétendus développements ne peuvent s’isoler des données essentielles ; dès que le cycle a commencé d’être, il a été avec ces détails que l’on a suspectés à tort.

Ces premières déductions en impliquent une dernière. Sous les réserves qui ont été indiquées, les vues fondées sur l’analyse de la tradition développée sont légitimement applicables à l’état de la légende telle qu’elle existait au iiie siècle. À mon avis cet état de la légende remonte plus haut encore et jusqu’à la période même de la fondation, de l’élaboration du buddhisme. La suite en fera sentir les raisons. Mais il me suffit de mar-