Page:Senart - Essai sur la légende du Buddha.djvu/40

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Le livre, d’ailleurs si intéressant et si instructif de l’éminent archéologue, M. Fergusson (Tree and Serpent Worship), a été une des expressions les plus autorisées de ces flottantes théories. Que les éléments aborigènes de la population, plus ou moins fusionnés dans l’organisation brahmanique de l’Inde, aient, surtout au point de vue social, exercé une part d’influence sur la naissance et la propagation du buddhisme, rien n’est plus admissible ; quant à ses éléments proprement religieux et spécialement légendaires, il n’y a aucune apparence qu’ils aient à aucun degré été déterminés par des influences non-âryennes. Il importait de poursuivre la démonstration jusque sur ce terrain.

C’est dans les croyances et les traditions indoues antérieures que le buddhisme plonge ses racines. La légende de Çâkyamuni permet d’étudier et de fixer sa relation avec ce que j’appellerai le Brahmanisme populaire. Burnouf s’est contenté de poser quelques-unes des questions qui rentrent dans cet ordre d’idées ; il a paru pencher vers des conjectures auxquelles la suite nous ramènera[1]. L’hypothèse la plus précise qu’il soumette à ce propos se rapporte, en sens inverse, à la réaction déterminée dans le brâhmanisme par les succès de la secte nouvelle et à l’influence qu’ils auraient exercée sur l’avènement du culte de Krishna. Depuis, l’attention toujours en éveil, toujours pénétrante, de M. Weber a signalé plus d’un rapprochement de détail et suggéré plus d’un aperçu ingénieux. J’ai voulu tenter un examen plus compréhensif et plus suivi.

Je n’ai pas seulement en vue d’interpréter certaines légendes et certains contes ; je veux surtout tirer de leur

  1. Introduction, p. 135 et suiv.