Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/134

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raison qu’elle se montre plus fidèle aux pratiques des brâhmanes[1]. Si bas que soient certains groupes, quelque tache qu’imprime leur fréquentation aux brâhmanes qui consentent à officier pour eux, le concours que prêtent des brâhmanes à leurs cérémonies religieuses suffit à assurer à ceux qui l’obtiennent une supériorité manifeste sur ceux qui s’en passent. Le seul nom de brâhmane est un titre très éminent. Les sections mêmes que les brâhmanes de bonne souche méprisent le plus, comme les Joshis des Provinces du nord-ouest[2], sont, pour ce nom seul, profondément révérées par la grande masse de la population[3].

Ce respect pour les « dieux de la terre » ne se lie pas uniquement à leur caractère religieux ; il s’étend aux représentans de la classe auxquels ni leurs occupations, ni leur rôle ordinaire ne donneraient de ce chef aucun titre. Le respect proprement religieux se prodigue à toutes sortes d’ascètes et de docteurs dont un très grand nombre ne sont pas brâhmanes. Inversement, des sectes que leur croyance hétérodoxe devrait détacher aisément des brâhmanes et des préjugés de caste,

  1. Ibbetson, § 532.
  2. Nesfield, p. 68.
  3. Ibbetson, p. 108, 112, 131. C’est en vertu de la même tendance que les jainas se parent du cordon sacré qui les range parmi les dvijas, Dubois, I, p. 15.