Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/178

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n’est pas supérieur au Çûdra. La division est donc essentielle. Elle est religieuse, non pas simplement sociale. Un mort des trois hautes castes, porté par un çûdra, ne pourrait entrer au ciel[1]. La formule la plus forte pour condamner certaines fautes chez les brâhmanes, c’est de proclamer qu’elles font d’eux des çûdras[2], c’est-à-dire des outcasts. Manou déclare que, pour le çûdra, il n’y a pas de péché grave, pâtaka[3]. Il n’y a pas en effet pour lui de fautes entraînant la déchéance : il n’a point d’accès à ces hauteurs d’où l’on peut tomber.

Une distinction si tranchée ne peut guère, à l’époque où nous transportent ces recherches, manquer de correspondre à une scission nationale. Nous ne saurions discerner si la population comprise sous la dénomination de çûdras était uniquement composée de ces élémens aborigènes que rencontrèrent les Aryens en immigrant du Nord-Ouest dans l’Inde, ou si elle englobait des élémens mélangés. Le point est secondaire. D’Aryas à Çûdras, il y a certainement à l’origine une opposition de race, qu’elle soit plus ou moins absolue. Le métissage inévitable entre vainqueurs et

  1. Mânava Dh. Ç., V, 104.
  2. Baudhâyana Dh. S., II, 3, 6, 32.
  3. X, 126.