Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/202

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dont ils disposaient, comme représentans par excellence de la classe noble, a assuré aux rois une situation que les respects extérieurs et la docilité superstitieuse réservés aux prêtres ne suffisaient pas à ébranler.

Le Çatapatha brâhmana[1] déclare que « rien n'est au dessus du pouvoir royal (kshatra) ; » il se hâte d'expliquer que, étant produit par l'énergie créatrice du « pouvoir religieux » (brahma), il le doit respecter comme sa propre source ; l'aveu n'en est pas moins limpide. Dans le bouddhisme, la supériorité sociale est volontiers reconnue à la classe militaire[2]. C'est à cause de cette supériorité, nous assure-t-on, que Çâkyamouni a pris naissance dans une famille royale. Pour être de source bouddhique, le témoignage est moins suspect qu'on ne serait enclin à l'imaginer. Le Dhammapada, un livre bouddhique, et des plus anciens, des plus autorisés, célèbre le Brahmane dans une suite de strophes éloquentes, le prend et reprend comme personnifiant l'idéal même de la perfection humaine. Du temps du brâhmana comme du temps du bouddhisme, le régime des castes existe souverainement.

  1. XIV, 4, 2, 23.
  2. Cf. par exemple, le vers Majjh. Nik., éd. Trenckner, I, p. 358.