Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/211

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régime serait lié à la réaction victorieuse du brâhmanisme contre le bouddhisme expirant. La formation s’en trouverait donc ainsi rabaissée jusqu’à l’époque où parut l’homme dans lequel se personnifie ce mouvement, d’ailleurs si hypothétique, jusqu’à Çankara, le philosophe orthodoxe du viiie siècle !

Ce sont là les systèmes que j’appellerai traditionalistes. Ils se répètent, se transmettent sans grand effort de renouvellement. Si ingénieux qu’ils puissent être dans quelques unes de leurs parties, l’analyse n’en serait guère fructueuse. Roth[1] a, par exemple, expliqué les premiers progrès de la caste sacerdotale par l’importance qu’aurait prise peu à peu le purohita ou prêtre domestique des chefs. En se répandant dans les plaines de l’Inde, les peuplades aryennes se seraient résolues en fractions nombreuses ; elles se seraient émiettées ; les familles royales y auraient perdu et en puissance et en autorité : elles seraient tombées au rang d’une simple noblesse ; les kshatriyas seraient la monnaie des anciens rois. Leur faiblesse aurait fait l’empire des brahmanes. Toutes les vues d’un esprit si fin et si bien informé ont leur prix. Mais celle-ci n’intéresse réel-

  1. Zeitschr. der Deutschen Morgenl. Gesellsch., I, p. 81 suiv.