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les castes, elles obéissent à des usages particuliers qui obligent leurs membres[1]. En revanche, certaines familles védiques se distinguent par telles cérémonies, par une prédilection pour certaines divinités[2], où semble survivre le particularisme religieux qui réservait à la famille classique, à la gens, des cultes spéciaux et des rites exclusifs.

Bien que, en plusieurs cas, le culte d’un ancêtre commun ou d’un patron attitré rappelle dans l’Inde le culte gréco-romain des héros éponymes, on ne peut dire que ce soit dans la caste un trait saillant. L’individualisme religieux a fait ici, grâce à l’allure plus libre de la spéculation, des progrès qui ailleurs ont été entravés par l’avènement d’une constitution politique décidément opposée à toute innovation cultuelle. La religion a pu, dans l’Inde, se localiser, se fractionner à l’infini et, à l’occasion, se mobiliser avec une liberté inconnue dans les milieux classiques. C’est surtout dans la pratique, dans les usages inspirés directement par des conceptions très anciennes, que se manifeste, au sein de la caste, la continuité de la tradition.

  1. Max Müller cité par Hearu, op. laud., p. 121 ; Ind. Stud., X, p. 88 suiv.
  2. Becker-Marquardt, Röm. Alterth., II, p. 49.