Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/288

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tactique solide où le dessin s’accuse, où les incidences se détachent elles mêmes en propositions nettement arrêtées, la phrase ne connaît guère qu’une structure molle où les élémens de la pensée, simplement juxtaposés, manquent de relief. Les croyances religieuses de l’Inde ne se présentent guère en dogmes positifs. Dans les lignes flottantes d’un panthéisme mal défini, les oppositions et les divergences ne se soulèvent un moment que pour s’écrouler comme un remous instable dans la masse mouvante. Les contradictions se résolvent vite en un syncrétisme conciliant où s’énerve la vigueur des schismes. Une orthodoxie accommodante couvre toutes les dissidences de son large manteau. Nulle part de doctrine catégorique, liée, intransigeante. Sur le terrain social, un phénomène analogue nous apparaît dans le régime de la caste. Partout le même spectacle d’impuissance plastique.

Quelque sève qu’il ait empruntée aux circonstances extérieures et historiques, c’est bien le fruit de l’esprit hindou. L’organisation sociale de l’Inde est à la structure des cités antiques ce qu’est un poème hindou à une tragédie grecque. Aussi bien dans la vie pratique que dans l’art, le génie hindou se montre rarement capable d’organisation, c’est-à-dire de mesure, d’harmonie. Dans la