Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/37

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préjugé s’est perpétué jusque de nos jours. Des hommes éclairés, que leurs fonctions ont mis en contact durable avec les faits, qui ont écrit récemment, depuis les modernes progrès du droit comparatif, traitent encore l’institution des castes et l’interprètent sous ce jour ; ils y dénoncent le calcul réfléchi et perfide d’une classe ambitieuse. On voit ainsi d’habiles gens reprendre en quelque manière sur ce terrain la notion décidément vieillie d’un pacte conscient appliquée à l’origine des institutions sociales[1]. Faut-il s’en étonner ? Ce serait oublier combien est tenace l’empire des conceptions toutes faites, monnayées en propositions courantes. Cela prouve au moins que la question est difficile. Elle est d’autant plus intéressante qu’il s’agit d’un phénomène unique, d’un régime que l’Inde seule a connu. La solution en mérite donc quelque effort.

Cette solution a pris aujourd’hui plus de prix que jamais ; elle est devenue aussi moins malaisée. La parenté constatée entre les langues indoeuropéennes a singulièrement rapproché de nous

  1. Je pourrais citer de nombreux exemples. Je me contente de renvoyer à l’article de M. Sherring dans la Calcutta Review de 1880 sur la Natural history of Caste. Il est frappant combien le pandit Jogendra Chandra Ghosh, en cherchant à lui répondre, reste influencé par des vues analogues, quoiqu’il s’en dégage à plusieurs égards.