Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


C’est en vertu de scrupules similaires que les castes supérieures sont tenues d’éviter soigneusement le contact des castes inférieures. La profession de certaines castes est si méprisée qu’on ne leur permet même pas d’habiter l’intérieur des villages ; elles sont reléguées hors des agglomérations, en dépit de tous les services qu’elles leur rendent, soit comme gens de service, soit comme gens de métiers. À plus forte raison sont-elles éliminées rigoureusement des repas communs où le village se rassemble. Il y a même des villages de brâhmanes[1] d’où toutes les autres castes sont rigoureusement consignées. Inutile d’ajouter que cette préoccupation n’est pas égale dans toutes les castes ; elle se manifeste diversement ; elle ne manque nulle part.

Un proverbe panjabî[2] déclare que, si un Bishnoï est monté sur un chameau suivi de vingt autres, et qu’un homme d’autre caste touche le dernier, il jettera aussitôt sa nouriture. On attendrait moins de façons chez des gens plus humbles. Et cependant M. Hunter[3] raconte assez plaisamment une aventure qui lui fut personnelle. C’était en Orissa ; il avait recruté, pour porter son palan-

  1. Dubois, I, 134-5.
  2. Ibbetson, p. 123.
  3. Orissa, II,140.