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les alimens eux-mêmes. Tout le monde sait de quelle vénération les Hindous entourent la vache, quelle horreur ils ressentent à en voir manger la chair. Le respect de toute vie animale est un trait qui traverse le passé entier de l’Inde ; le bouddhisme et le jainisme l’ont poussé aux dernières limites. Sans être aussi catégorique, le brahmanisme en est aussi très pénétré. Chez les bouddhistes comme chez les Hindous, les liqueurs spiritueuses sont de même sévèrement réprouvées ; l’usage en est considéré comme une faute des plus graves. Il est visible aussi, il ressort et des coutumes persistantes et de textes autorisés, que certains aliments sont, quoique la raison en échappe, l’objet d’une particulière réprobation : les oignons, l’ail, les champignons.[1] Et pourtant le conflit est si fréquent entre les usages locaux, la mêlée si obscure entre les passages d’un même livre, les pratiques anciennes ont reçu et reçoivent chaque jour, sous l’action des exemples étrangers, de si sensibles atteintes[2], qu’un rapporteur prudent hésite devant toute affirmation générale. Qui oserait dire que, aujourd’hui, les brahmanes, fussent-ils de haute caste, s’abstiennent de viande, même avec l’exception qu’auto-

  1. Guru Proshad Sen, Calc. Review, avril 1890, p. 335.
  2. Nesfield, § 60.