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assez dominant, pour mériter un nom spécial. On l’a appelé hypergamie.

Signalé sur bien des points[1], c’est parmi les brâhmanes dits kulinas du Bengale qu’il a, jusqu’à ces derniers temps, produit les conséquences les plus frappantes, à telles enseignes, que pour cette caste au moins, le cas est devenu caractéristique. Le désir passionné chez des brâhmanes moins bien nés d’unir leurs filles à des Kulînas, joint à l’impossibilité pour ceux-ci de marier les leurs dans un rang plus humble, à la facilité qui leur est laissée de prendre, sans déchéance sensible, des femmes dans des castes de brâhmanes moins relevées, a eu pour effet de produire chez les Kulinas un développement absolument anormal de la polygamie[2]. Il en est résulté une situation morale et sociale qui a provoqué des plaintes trop justifiées. Mais, en somme, il s’agit ici d’une conséquence extrême, non d’une de ces règles positives dont je m’efforce de dégager les principales pour donner au lecteur une idée vivante d’un système si éloigné de nos habitudes.

On pourra s’étonner que je n’aie point encore

  1. Cf. par exemple, Nesfield, p. 18 ; lbbetson p. 512, 456 ; Risley, p. LXXXII suiv.
  2. Ward, View of the history, etc. of the Hindus, I, p. 79 suiv. ; V. N. Mandlik, p. 448-9 note.