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CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET

IV

Gautama a repousse les assauts de Mâra ; il s’est rendu maître de l’Arbre de l’Intelligence ; ce ne sont que les préliminaires de sa tâche : il lui reste à entrer par un effort décisif de sa pensée en possession de la vérité totale, de l’Illumination qui le fera Bouddha. Cette seconde phase de la scène n’est pas moins instructive que la première. C’est progressivement que le Saint s’élève à ce faîte, au prix d’une concentration extatique. Il lui faut traverser quatre degrés de contemplation, par lesquels, de la réflexion pénétrante et sereine, il s’élève à l’indifférence absolue, supérieure à tout sentiment de peine ou de plaisir, supérieure enfin à toute conscience. C’est le chemin même qui pour tous mène à l’affranchissement. Or, cette théorie n’appartient pas plus en propre au bouddhisme que l’aventure légendaire qu’elle couronne. Non seulement toute cette construction mystique est familière au Yoga, elle est, par la conception de l’âme qu’elle suppose, aussi logique dans ce système qu’elle l’est peu dans le bouddhisme qui nie l’âme ; la formule même de la tradition bouddhique conserve des expressions qui n’ont vrai-