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CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET

abrégé sans doute du titre modeste de « yogeśvara », « maître, prince du Yoga » ; il ne lui assigne aucun rôle actif. Il le définit comme un type supérieur de ces purushas, « esprits », que le Sâṁkhya admet en nombre infini. Sa seule fonction est de servir la vie religieuse des adeptes : la dévotion, l’abandon à Îśvara, est le moyen sûr, immédiat, d’atteindre la perfection. « Il porte en lui le germe de l’omniscience, dit Patañjali ; n’étant pas limité par le temps, il a été le maître dès le principe ». Visiblement ce Dieu mal venu, qui peut trop et trop peu, obéit au double courant, de direction inverse, que provoque et maintient la diversité des origines. De lui-même, le système théorique tend à diminuer le Dieu, il le réduit à un rôle moins incompatible avec ses prémisses. De son association avec la religion populaire, il l’a conservé timidement, atténué et inutile ; des instincts négatifs du Yoga avec lequel ils ont fusionné, les Bhâgavatas gardent dans leur façon de parler des inégalités et des inconsistances qui d’abord surprennent. Ce même Vishṇou-Kṛishṇa qui recueille des hommages si hyperboliques, reçoit parfois le simple titre de « yogîśvara » ou « yogeśvara », qui est ailleurs attribué à des person-