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chrestomathie française

V

La poésie étrangère d’expression française.

Le génie français a rayonné bien au delà des frontières politiques de la patrie gauloise. Le noble parler de l’Île de France n’est plus, comme aux temps de Voltaire et de Rousseau, une sorte de langue universelle, il a gardé cependant une importance considérable : loin de reculer, comme on a pu le croire un moment après les cruelles défaites de l’Année Terrible, il tend à se répandre de plus en plus. Ses centres d’expansion sont d’abord les colonies françaises, en premier lieu l’Afrique du Nord destinée à devenir une Nouvelle-France, pais les anciennes colonies, telles que le Canada et Haïti, enfin les pays limitrophes, comme la Belgique et la Suisse, où la culture française est certainement en sérieux progrès. Partout, d’ailleurs, où brille un foyer universitaire, la littérature de la France vient forcément contribuer à l’alimenter. L’Académie de Berlin n’est plus, il est vrai, présidée par un Français, et n’entend plus l’éloge de Voltaire prononcé en notre langue par le roi de Prusse, mais, dans toutes les Universités allemandes, on étudie à fond notre idiome et notre littérature, ce qui montre bien l’importance qu’on leur attribue, même dans les pays que la rivalité nationale et politique dresse contre la France. Dans une chrestomathie, il n’est pas possible de montrer un tableau complet de la littérature française hors de France ; du moins est-il aisé d’en donner une idée. C’est du reste un devoir de justice et de reconnaissance que de faire connaître à ceux qui les ignorent les principaux représentants de cette littérature à l’Étranger.

Pour étudier l’expansion de la langue française, consulter : Rivarol, Discours sur l’universalité de la langue française (1784) ; Albert Sorel, l’Europe et la Révolution française (1885-1892) ; A. Brunot, Histoire de la langue et de la littérature françaises ; E. Lavisse, Histoire de France ; Élisée Reclus, Nouvelle géographie universelle, tome II ; Novicow, Le Français, langue internationale de l’Europe (1904) ; Gustave Lanson, Trois mois d’enseignement aux États-Unis (1912) ; J. Ernest-Charles, L’Empire intellectuel de la France ; James-H. Hyde, La littérature française aux États-Unis, dans les Lectures pour tous (1er février 1914).

I

Les Poètes Belges.

Malgré la renaissance du flamand, la langue française est encore