Page:Serge - L’Illusion révolutionnaire, paru dans L'Anarchie, 28 avril 1910.djvu/17

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Le citoyen Méric est peut-être un farceur, un humoriste raffiné sachant pousser la plaisanterie jusqu’au bout. J’aime à le supposer. Mais le fait est que des âmes simples acceptent ces écrits comme évangile.

L’illusion néfaste c’est la croyance en cette Révolution rédemptrice ; alors qu’il ne peut y avoir d’autre rédemption que celle de la personnalité humaine, alors qu’on ne peut rien construire sans avoir fait des hommes meilleurs et plus forts.

L’illusion mauvaise, c’est attendre la révolte des foules, des masses organisées, disciplinées, embrigadées. Alors qu’il n’est de gestes féconds que ceux commis par des individus sachant clairement ce qu’ils veulent et marchant sans entraves, n’ayant besoin ni de chefs, ni de discipline. Alors qu’il n’est de bonnes rebellions que les rebellions immédiates des individualités renonçant à attendre davantage et décidés à arracher de suite leur part de jouissance.