Page:Serge - L’Ouvriérisme, paru dans L'Anarchie, 24 mars 1910.djvu/14

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Les anarchistes ne sont pas ouvriéristes. Il leur paraît puéril de porter au pinacle le travailleur dont l’inconscience lamentable est cause de l’universelle douleur, peut-être plus que l’absurde rapacité des privilégiés.

L’observateur impartial n’a guère difficile de constater que loin d’être l’activité bienfaisante vantée par les poètes, le travail dans l’atmosphère présente est répugnant. Semblable est la différence du rêve à la réalité en ce qui concerne les prolétaires.

Regardez-les vers sept heures défiler par les rues, figures mornes, ou avinées, cassées par la tâche abhorrée, ne donnant même pas l’impression vigoureuse des bêtes de somme. Regardez-les, les jours de fête s’en aller en bandes tapageuses clamant parmi les hoquets de la saoûlerie, les piètres et obscènes chansons du peuple…