Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/113

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l’Opéra. M. R. Lindau[1] assigna ensuite Wagner devant le tribunal, prétendant, comme ayant aidé Edmond Roche dans sa traduction, être nommé sur le livret et sur l’affiche, à côté de MM. Roche et Nuitter et toucher sa part des droits d’auteur. M. Émile Ollivier, plaidant pour Wagner, repoussa la prétention de M. Lindau, sa traduction en vers blancs n’ayant pas été agréée par l’Opéra. Par jugement du 7 mars 1861, le tribunal rejeta la demande, réservant au demandeur les droits pécuniaires que son travail justifiait. Par la suite, pour couper court à toute difficulté, il fut décidé, entre le compositeur et l’administration de l’Opéra, que Wagner seul verrait son nom sur l’affiche et sur le livret[2] comme étant le seul auteur du poème et de la musique. Cette décision si rigoureuse et l’insuccès de l’opéra de Wagner portèrent à Ed. Roche un coup terrible : il ne survécut que de quelques mois au désastre de Tannhœuser.

Rappelons en peu de mots les principaux événements littéraires et artistiques de l’hiver de 1861.

Murger venait de mourir. Le P. Lacordaire, élu de l’Académie en remplacement de Tocqueville le lendemain du deuxième concert de Wagner, en 1860,

  1. R. Lindau était le frère de M. Paul Lindau, le célèbre critique allemand.
  2. C’est ainsi que fut imprimé le libretto : Tannhœuser, opéra en 3 actes de Richard Wagner, 1 vol. in-18, librairie Ve Jonas et librairie Théâtrale, 14, rue de Grammont.