Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/129

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de M. Louis Ulbach dans le Courrier de Paris, — il y eut de la part des journaux de théâtres un élan généreux en faveur de Wagner.

Léon Leroy, dans la Causerie, soutint la cause du musicien contre ses détracteurs, se donna le plaisir de relever les bévues de la presse, et traita Berlioz de Ponce-Pilate, pour s’être prudemment abstenu de prendre parti dans la querelle artistique. Nous avons vu l’attitude indépendante de M. Jules Ruelle. M. Arthur Pougin, — qui le croirait aujourd’hui ? — exprima dans la Jeune France une chaleureuse protestation contre le parti-pris de la presse et des abonnés.

« Les Français, disait-il et avec trop juste raison, — qui ont la prétention d’aimer la musique et de savoir l’apprécier, ne l’aiment pas sincèrement et n’y connaissent rien et, si la partition de Tannhœuser était signée d’un nom connu et adopté, elle eût, je ne dis pas obtenu du succès, mais du moins passé sans encombre. »

Mais le plus zélé fut encore Giacomelli, cet agent théâtral qui, l’année précédente, avait abouché Wagner avec Calzado pour la location du Théâtre-Italien. Pendant plusieurs semaines, il consacra son journal, La Presse théâtrale et musicale, à la glorification du vaincu, tantôt en écrivant sur les incidents produits par la représentation de Tannhœuser, tantôt en insérant les articles favorables des autres journaux.

Son article sur Tannhœuser est des plus élogieux