Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/135

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« Et ils sont revenus à la charge, armés de toutes pièces, c’est-à-dire des instruments homicides confectionnés à l’avance. Le public, le public entier, a lutté pendant deux actes, et dans sa bienveillance doublée par l’indignation, il applaudissait non seulement les beautés irrésistibles, mais même les passages qui l’étonnaient et le déroutaient, soit qu’ils fussent obscurcis par une exécution trouble, soit qu’ils eussent besoin, pour être appréciés, d’un impassible recueillement. » Et il termine son épilogue en protestant au nom des littérateurs, des artistes, des gens bien élevés, contre ces scandales qui doivent déshonorer Paris aux yeux de l’Allemagne.

M. Alph. Royer, dans son Histoire de l’Opéra (Époque contemporaine)[1], soutient que « la dernière représentation faillit ne pas aller jusqu’au bout ; elle y parvint néanmoins, mais ce ne fut pas sans l’énergique intervention du directeur qui avait promis à l’auteur cette satisfaction. » On n’est pas plus modeste. Il éprouve aussi le besoin de dire son mot sur le mérite de l’œuvre. « Le public fut très injuste dans cette affaire, car le Tannhœuser contient assurément de fort belles parties, mais j’avoue que dans son ensemble, c’est un buisson d’épines qu’un auditoire français ne pouvait traverser sans se sentir blessé ou tout au moins égratigné. » D’après lui les

  1. Un vol. in-16 orné de 12 eaux-fortes. Paris, 1875, Bachelin-Deflorenne. Il y a aussi une page environ sur le Tannhœuser dans les Treize salles de l’Opéra de A. de Lasalle. 1 vol. in-18, Paris, 1875, Sartorius.