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ce fut justement le lundi 25 mars que fut jouée Graziosa, ballet en un acte de Petipa et Derley, musique de Th. Gabare, commandé pour tenir l’affiche en même temps que Tannhœuser. Grâce au talent de Mme Ferraris, cette œuvre médiocre obtint un certain succès.

Une indisposition de Niemann qui avait fait renvoyer la deuxième représentation du 15 au 18 mars avaient privé du spectacle nouveau les abonnés du vendredi. Ceux-ci réclamèrent auprès de la direction et leurs plaintes ayant été déférées au ministère d’État, il fut question, en avril, de donner une quatrième représentation de Tannhœuser. Wagner s’y opposa et le comte Walewski jugea de son côté qu’il valait mieux de pas ranimer une querelle assoupie. Il était écrit que Tannhœuser serait poursuivi jusqu’au bout par une malechance obstinée. Les décors de cette pièce furent détruits avec une centaine d’autres par un incendie qui éclata pendant la nuit du 19 juin, dans le magasin des décors de l’Opéra, rue Richer.

Si les droits des compositeurs français avaient été sacrifiés par le bon plaisir du souverain à la gloire d’un étranger, la musique française eut bientôt sa revanche.

Le samedi 23 mars, à l’Opéra, festival consacré aux œuvres de F. David : — Le Désert et Christophe Colomb (quatrième partie), le finale de Moïse au Sinaï, l’ouverture de la Perle du Brésil et le finale de la symphonie en mi bémol. — Le public et la presse firent une ovation à l’auteur.