Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/143

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liette, à cause de son hostilité déclarée contre le musicien de l’avenir.

Avec ses habitudes de luxe, Wagner s’était fort endetté pendant son séjour à Paris. Ses protecteurs lui vinrent en aide. M. Drumont rapporte que Flaxland qui, bien avant la représentation, avait acheté et payé la partition de Tannhœuser, offrit spontanément à l’auteur une somme importante, en regrettant de ne pouvoir faire plus. De la part d’un éditeur, ce trait de générosité me paraît si extraordinaire que je laisse à M. Drumont la responsabilité de l’anecdote.

Pendant six mois, Wagner signa ses lettres : l’auteur sifflé de Tannhœuser. Tout en protestant, dans sa lettre à ses amis d’Allemagne écrite après la représentation de cet opéra, qu’il n’a éprouvé aucune amertume de son échec, essayant même de le travestir en victoire, il affecte une désinvolture impertinente à l’égard du public français. — « Qu’aurais-je fait d’un succès à Paris ? » — Il veut dire par là qu’avec un génie aussi profondément allemand que le sien, il ne peut être prophète qu’en son pays.

Peu de temps après la chute de Tannhœuser, Wagner se rendit à Karlsruhe, en vue de hâter la représentation de Tristan au théâtre grand-ducal. Enchanté du résultat de son voyage, il revint à Paris et partit bientôt pour Vienne, afin de décider l’intendant à mettre à l’étude sa nouvelle partition. Le 10 mai, il assistait à la répétition générale de Lohengrin ; accueilli par d’unanimes applau-